1er avril. Parfait pour se jeter à l’eau. On remonte sur les vélos après quasiment deux semaines de vacances avec Elise et Cyril, qui viennent tout juste de s’enfuir en train.
On réalise dès le premier jour que cette île de Kyushu, l’une des quatre principales du Japon, est plutôt montagneuse car parsemée de volcans plus ou moins actifs. Les routes sont raides mais cela nous laisse le temps d’admirer les derniers cerisiers encore en fleurs, la floraison ayant déjà entamé sa course folle à travers l’archipel depuis quelques jours.
Mais qui dit volcan dit Onsen, ces fameux bains non mixtes où on découvre le plaisir de se laver et se baigner nus au milieu de nos compères japonais. Côte à côte, chacun assis sur son mini tabouret, la douche prend une autre dimension. Et quel meilleur moment pour entamer une discussion les yeux dans les yeux ?
Un jour de pluie diluvienne, puis deux randonnées autour et sur ces magnifiques volcans plus ou moins actifs et on entame une longue descente où la roue libre de Charlotte fait des siennes, suivi d’une longue montée où je dois pousser car mon système de vitesse copie la roue libre. En fixie et en single speed – c’est pour toucher un public hipster – on arrive tant bien que mal dans la ville de Kumamoto connue entre autre pour son château et sa célèbre mascotte.
Comme la réparation des vélos prendra plus de temps que prévu on grimpe encore un peu malgré nos deux handicaps afin de rejoindre l’une des plus grandes caldeiras du monde, celle du mont Aso. On s’occupe, en attendant les pièces de rechange, entre onsens, randonnées et balades toutes plus belles les unes que les autres même si certains volcans sont inaccessibles car toujours actifs.
Notre paisible retraite dans ce village de Minamiaso est brusquement interrompue le jeudi 14 avril au soir quand la terre se met à trembler. On ne peut pas être plus en sécurité que dans une tente à ce moment, au milieu d’un champ, mais la sensation reste aussi effrayante qu’indescriptible. Un peu à l’écart du reste du village on ne comprend rien aux alertes diffusées en continu. Après un petit tour dans le hameau on réalise que personne ne semble paniqué, ni effrayé. Les conducteurs s’arrêtent encore quand le feu est rouge. Encore une fois le calme et la politesse des japonais sont exemplaires.
Malheureusement cette secousse et les nombreuses répliques des heures suivantes ne sont que les prémices du tremblement suivant.
Samedi 16 avril, à 1h du matin, rebelote. Sauf que si la dernière fois on était balloté, cette fois ci on est littéralement secoué dans tous les sens. La tente semble flotter sur une plaque qui pourrait s’ouvrir juste sous nos pieds sans qu’on s’en étonne. 30 secondes plutôt violentes mais surtout interminables. Puis le calme. Etrange sensation, irréelle et pourtant on ne peut plus naturelle. Un séisme de magnitude 7,3 vient de frapper Kyushu, et cette fois-ci nous sommes juste à côté de l’épicentre. Après un nouveau petit tour dans le hameau on réalise que personne ne semble paniqué, ni effrayé mais que cette fois les feux de circulation ne fonctionnent plus. Au petit matin, après de nombreuses répliques, nous comprenons pourquoi. Nous sommes coupés du monde : plus d’électricité, plus d’eau, routes sectionnées, ponts et tunnels effondrés. Seuls Jonathan et sa femme Chiyo, qui nous laissent planter la tente dans leur terrain depuis une semaine, nous transmettent quelques informations glanées ça et là. 24h plus tard, et une nuit où il a plu autant qu’en un mois, les hélicoptères tournent en continu et les files de camions de militaires et de secours défilent. Il est temps pour nous de quitter cette zone comme on nous le conseille fortement. A court d’eau et de nourriture, on s’éloigne au plus vite, non sans qu’on nous offre spontanément à boire et à manger.
On retrouve rapidement le calme et la beauté de la campagne japonaise, patchwork de vert et de rivières.
Le mercredi 20 avril on quitte Kyushu par ferry, direction Shikoku. Pas de changement radical. Toujours autant de forêts, de belles journées entrecoupées de pluies diluviennes, de toilettes ultra propres aux milles boutons, de bains tout nus, de gens qui vous disent merci pour tout, et de pèlerins qui relient les 88 temples de Shikoku… Petite vie paisible au Japon.
La « Golden Week » synonyme de grandes vacances commence le 29 avril. De plus en plus de touristes envahissent les sites. On grimpe par exemple en haut du mont Tsurugisan en compagnie de centaines de japonais suréquipés. Mais dès qu’on s’éloigne de ces sites, on retrouve le calme et la beauté des petites routes de Shikoku, comme le long de la rivière Shimanto ou bien dans la vallée d’Iya qu’on parcourt en long et en large.
Avant de rejoindre l’île principale de Honshu, on s’autorise deux petits détours. Le premier pour soulager la conscience d’architecte de Charlotte en passant par l’île-musée étonnante de Naoshima. Sur cette ile arty on profite de la même vue que le fameux hôtel Benesse, mais depuis notre tente. Le deuxième détour passe par l’île aux olives de Shodoshima. Par chance on y débarque le 3 mai où chaque année depuis 400 ans un théâtre Kabuki se tient dans un petit village. On brave la tempête qui se lève pour y assister, assis au milieu de locaux pas franchement inquiétés par le vent qui souffle de plus en plus fort, et que notre voisin finira par appeler typhoon. Heureusement tout le monde veut nous aider. Après des bières et un diner offert, on nous accompagne dans un temple bouddhiste où le moine nous indique un endroit abrité pour planter la tente. En prime, un nouveau bento pour le petit déjeuner.
Le jeudi 5 mai il est temps de poser le pied sur l’ïle principale du Japon, l’île de Honshu. Après un passage par le château blanc de Himeji tout droit sorti d’un Miyasaki, on est accueilli par la famille de Minoru, cycliste japonais croisé dans le massif du Pamir 9 mois plus tôt ! Première soirée chez des habitants, et premier repas fait maison.
On arrive enfin à Kobe le lendemain, sous la pluie. Il est temps de poser les vélos. On est accueilli chez Christine, copine de classe du lycée de Charlotte, et Charles son mari. On passe 4 journées super en leur compagnie. Mais l’heure des retrouvailles avec les parents a sonné. On abandonne nos vélos chez ces copains qui sont maintenant des amis, et on saute dans un train pour Tokyo, déguisés en touristes.
En espérant que rien ne vienne entraver la route du Shinkansen. Car entre les pluies diluviennes, les volcans, les tremblements de terre et les typhons, on a bien compris le message de notre chère mère nature.
Bonne fête maman
Galerie photos
Vos photos sont magnifiques et à chacun de vos envois, je voyage…c’est merveilleux!
J’ai beaucoup d’admiration pour votre courage et endurance mais quelle leçon de vie! quelle belle expérience! BRAVO!
Merci beaucoup pour vos encouragements !
Ca nous motive et nous donne de l’énergie pour pédaler chaque jour un peu plus loin 🙂
Vos photos sont magnifiques, vous devez avoir de sacrés mollets et des têtes bien remplies de souvenir déjà ! bon courage à vous deux
Les mollets gardent une taille normale c’est bizarrement surtout les cuisses qui gonflent ! Et les estomacs parfois, avec autant de bonnes choses à goûter ici 😉
La tête et le disque dur sont aussi tous les deux pleins de belles images, et autant de beaux souvenirs. Mais on garde toujours de la place pour les suivants 😉
Magnifique cette étape japonaise !!!!
J’imagine que la nature et les nippons vous rendent bien zen,
Pour la roue libre, tu es dans la mecque des pièces détachées Shimano là, …. Non ?
Continuez à nous faire partager vos découvertes !!!
Au plaisir,
Laura et Eddy
Et cette étape n’est que le début du circuit japonais (ahem … oui oui on a un peu de retard sur le récit ….) Effectivement ici on n’a pas eu de problème à retrouver du Shimano, on croise cependant les doigts pour ne pas avoir à changer d’autre pièce ….
Des bisous !
J admire votre courage et surtout le bonheur de me faire voyager avec vous chaque semaine je suis un peu avec vous je pense que les quelques jours passés avec les parents ont été fabuleux pour eux et du réconfort pour vouspourcontinuer votre périple bisous à vous deux
Effectivement on était très heureux de faire les touristes en famille pendant deux semaines, et aussi de faire découvrir et partager sur place ce qu’on vous raconte sur le blog.
Des bisous !
Très belles photos, mais là je ne suis pas original en le disant (en l’écrivant pour être tout à fait juste….).
Charlotte nous constatons également que tes cheveux ont repoussés, vous pouvez donc maintenant rentrer……
Bisous
Eric (l’autre…..)
Aha mais ça n’est pas encore assez long pour Eric ! La bonne nouvelle c’est que je n’ai pas prévu d’aller chez le coiffeur donc le retour, même si il n’est pas prévu pour demain, ne peut que se rapprocher 😉
Des bisous !
Magnifique!!!! Magnifique!!!!!!!!!!
Que dire de plus.
Continuez à nous faire voyager avec vous.
Bisous à tous les deux
Merci !!! Merci !!!
Continuez à nous écrire de temps en temps pour nous motiver et nous soutenir !
Des bisous !
Nous restons sous le charme de ce pays et vos photos nous donne encore plus l’envie d’y revenir
Merci de nous avoir donné l’occasion de découvrir tous ces endroits magnifiques !! vous dire que les sushis nous manquent ça c’est sûr, mais la pieuvre il faut encore y réfléchir ……. 🙂
bisous à vous deux
C’est nous qui sommes heureux que vous ayez fait ce long voyage pour nous retrouver, et nous donner l’occasion de vous faire découvrir un de ces nombreux pays qui nous ont tapé dans l’oeil.
Pour la pieuvre on n’est pas obligés …. un mont d’or fera très bien l’affaire la prochaine fois qu’on se voit !
Des bisous !
C’est M A G N I F I Q U E !
Toutes les photos sont superbes.
“Chemin tracé” sera, si vous le permettez, mon fond d’écran pour ce mois-ci…. ☺️
Bisous bisous 😘
p.s. Je me mangerai bien le p’tit poulpe….
On permet 😉 c’est une de mes préférées aussi . Quand on grimpe la vue est plus belle !
Ca devait aussi être le cas le 28 mai 😉 !
Des bisous !
ps : et bien le petit poulpe a quitté la table comme il est arrivé ce soir là : en un morceau !