…ou pas.
Après un peu d’attente à la frontière on retourne ntenten Europe, en Grèce, le lundi 26 janvier. C’est sous un ciel pluvieux qu’on grimpe vers le petit village de Zitsa, fameux grâce à son poète refugié Lord Byron selon certains, et grâce à son bon vin selon les autres. Pour nous ce sera grâce à son unique boulangerie, tenue par Anna et Kostas qui nous ouvrent leur porte. On arrive au moment de la sieste, parfait pour démontrer notre capacité d’adaptation. Le soir même on découvre la bibliothèque ouverte par Anna à deux pas de la boulangerie, la première en 800 ans d’histoire à Zitsa. On fait également la connaissance du « cuisinier vagabon » Dave. Uniquement à l’aide de ses pieds il souhaite rallier l’Inde depuis l’Italie, en quête d’anciennes civilisations et de nouvelles recettes. Il y a aussi Charlie le chien, deux chats et quatre chiots fraichement recueillis. Tout ce beau petit monde cohabite ensemble et on ne voit pas passer les cinq jours en leur compagnie. On fait réparer le vélo dans la ville de Ioannina, on promène Charlie, on nourrit les chiots, je découvre le travail matinal à la boulangerie en aidant modestement Kostas, Charlotte se dévoue pour gouter toutes les productions made in Zitsa, et surtout on savoure les plats préparés par Dave et la mère de Kostas. On culpabilise face à tant de cordons bleu alors pour défendre fièrement la cuisine française on met la main à la pâte et on prépare un camembert au Ouzo et une galette des rois. En février certes, mais il n’est jamais trop tard. Et puis on ne se sentait pas de cuisiner un pot au feux ou une blanquette de veau.
On a beau repousser le départ, c’est à contre cœur que l’on quitte Anna et Kostas de peur d’y rester à jamais ! Le samedi 31, après un petit déjeuner aussi copieux qu’excellent composé de trahana (sorte de mini pates faites avec du lait de brebis) on démarre sous la pluie. Direction Metsovo, 1300 mètres plus haut. On grimpe sous la flotte, des trombes d’eau puis ça devient de la neige. On réalise que Metsovo est … au pied d’une station de ski ! Plus rien n’est étanche dans ces conditions, pas même les sacs. L’eau s’infiltre par le haut et par le bas, entre la pluie incessante et la traversée des rivières qui inondent la route, parfois jusqu’à mi sacoche. La visibilité est faible mais le trafic est inexistant, tout le monde passe par la nouvelle autoroute. Tout le monde sauf les chiens. Un vrai fléau. Entre les chiens de garde, les chiens sauvages et les chiens de berger il y en a pour tous les goûts. L’astuce, ne pas montrer sa peur. Sauf que quand on grimpe péniblement à cinq kilomètres par heure, trempés jusqu’aux os, qu’il fait moins de zéro degré, qu’il neige, qu’il y a de l’orage et que sortie de nulle part une vingtaine de molosses, plus proches de l’ours que du chihuahua, se mettent à nous encercler sur une route où il n’y a personne… ils nous montrent leurs belles dentitions et nous notre peur. Finalement on apprendra malgré nous à gérer ces situations. Descendre du vélo et marcher calmement, leur crier dessus s’ils insistent. Mais c’est digne d’un film d’horreur par moment, ils surgissent à n’importe quel moment, de n’importe où.
Enfin bref, on arrive à Metsovo lessivés après quatre-vingt kilomètres de souffrance, il fait nuit et très froid. Ca sent le déluge dehors alors on s’arrête dans le premier hôtel qu’on trouve. Pas de bol c’est probablement aussi le plus pourri mais trop tard. Encore un peu de patience que le chauffage se mette en route et on se réchauffe enfin.
La nuit est réparatrice après la journée la plus traumatisante du voyage. Par contre la météo empire. La police nous déconseille de prendre la route aujourd’hui alors on reste. On change d’hôtel parce qu’on n’est pas masochistes non plus. Un peu quand même car on retrempe toutes nos affaires dans ce déménagement de moins d’un kilomètre.
On se réveil le lundi 2 sous une ville toute blanche. Le col cinq cents mètres plus haut est impraticable. Seule option, les tunnels de l’autoroute. On tente le stop. Personne ne passe par ici, sauf un bus qui nous ouvre ses portes et son coffre avant de les refermer dans la foulé et de nous abandonner au bord de la route. Une heure plus tard on appelle un taxi pour éviter de se transformer en bonhomme de neige. Les vingt kilomètres d’autoroute et la neige derrière nous, on peut se laisser descendre jusqu’à Meteora.
Le retour du soleil le mardi nous permet de visiter ce site spectaculaire en long et en large, à pied et à vélo dans un calme absolu. Ces monastères construits à flanc de falaise donnent le vertige, tout comme les roches qui semblent être tombées du ciel.
Le mercredi matin on quitte le camping au pied de ces moines perchés, non sans un cadeau d’adieu des chats du coin : des trous dans la toile de tente. On traverse des paysages qui nous rappellent la France ou la Suisse avec des champs et des petits villages, quelques montagnes enneigées au loin et BIM attaque de chiens surprise! On est toujours bien en Grèce. On atteint Elassona, ville au pied du mont Olympe que l’on devine à travers les nuages. Yannis, un grand passionné de vélo qui retape des vieux biclous grecs des années 20 nous accueille comme des rois.
Le jeudi on le passe à réparer la tente avec son aide, puis il redonne une seconde jeunesse à nos vélos en les rendant plus propres que jamais dans son atelier perso. On découvre le tsipouro, alcool à base d’anis servi avec des tapas, on découvre une deuxième fois le tsipouro, on découvre qu’on a déjà la tête qui tourne alors on rentre et on se régale encore une fois de la délicieuse cuisine grecque, en particulier celle de la mère de Yannis. Décidemment les mamans grecques vont faire de l’ombre aux mamans françaises !! Choucroute VERSUS Feta. Mais on ne parle pas que de bouffe non plus, et Yannis nous apprend un peu de son histoire, celle de la communauté grecque d’Anatolie renvoyée en Grèce au début du XX siècle. Bien entendu on parle de ça au restaurant avec un de ses amis devant un plat de viande.
A force d’entendre parler des îles grecques on envisage de plus en plus à changer notre planning. On se décide enfin ce vendredi matin. Donc place au plan B : on va bifurquer vers le sud de la Grèce, et traverser la Crète puis Rhodes et on entrera en Turquie par la mer. Tant pis pour Istanbul. Direction Athènes. On va chercher le soleil car ce matin il pleut encore, ce qui rend le départ de chez Yannis d’autant plus douloureux. On avance bien et on trouve sans difficulté où dormir devant l’une des nombreuses églises qui jonchent le bord des routes. Il y a souvent de l’eau, toujours un toit et parfois l’église est ouverte et on peut donc y dormir à l’abri.
Déjà deux semaines qu’on est en Grèce. On commence à déchiffrer correctement l’alphabet grec et derrière les souvenirs de formules mathématiques se dessinent progressivement les noms de villes comme Αθήνα (Athènes) ou Ελασσώνα (Elassona). La météo est plutôt clémente ce samedi, on profite des champs d’oliviers et des routes calmes sur l’île d’Eubée qu’on rejoint le dimanche matin par ferry. Mais d’après l’équipage du bateau il va neiger les prochains jours. Et en effet les températures descendent franchement dès le lendemain, le lundi 9. La journée se termine prématurément en début d’après midi car une fois de plus on est trempés et glacés. On observe la neige qui tombe dehors à travers les vitraux de la petite église qui nous sert de refuge. Le paysage blanchi rapidement. Notre plan B, le sud pour le soleil tombe à l’eau pour l’instant ! On n’a jamais eu une météo aussi mauvaise depuis le début. On ne se laisse pas abattre et puisque c’est aussi notre 100ème jour de voyage on s’offre … une grande casserole toute neuve ! On s’est enfin mis à la cuisine, on mange des légumes, il était temps d’adapter le matériel.
Le mardi on renfile nos chaussettes presque moins mouillées et on quitte notre refuge divin. On est étonnés de voir qu’il y a des chasse-neige dans cette partie de la Grèce, mais à priori on est plus rapides qu’eux car plus on monte plus la neige redouble d’effort pour nous cacher la route. En tout cas le froid ne nous empêche pas de profiter de ce spectacle pas si fréquent que ça ici. De l’autre coté de ce relief après une descente rafraichissante une taverne avec un immense feu de cheminé nous sauvera d’une amputation des doigts de pieds.
En redescendant vers le bord de mer on pense gagner quelques degrés et dire au revoir à la neige. Eh bien non, on passe la nuit dans un bar fermé, à quelques mètres de la plage avec des parasols couverts de flocons.
Le mercredi 11 on attend que les éléments se calment avant d’enfourcher les vélos. Les frayeurs causées par les chiens sont quotidiennes. Mais plus de peur que de mal, ils ne mordent jamais. Certains semblent calmes, allongés au bord du chemin et bondissent au dernier moment. Ou bien, protégés par un grillage on fait presque les malins face à ce molosse qui aboie, mais on prend une grosse décharge d’adrénaline lorsque son copain se faufile par une ouverture dissimulée. Vivement l’Asie et ses contrées où le chien surprend par sa présence au menu ! On se vengera, promis.
On se rapproche d’Athènes. Encore une montée de six cents mètres, des enfants en train de faire de la luge, une nuit en tente au milieu de la neige, une superbe route, puis les vingt kilomètres ennuyeux de banlieues et zones industrielles précédant les grandes villes et nous voilà dans la capitale grecque. On est logés chez Dimitri, encore une fois grâce au réseau warmshower particulièrement chaleureux en Grèce. La suite des mésaventures reste encore floue. Soit un ferry vers la Crète ou Santorin depuis Athènes, soit un petit tour par le Péloponnèse avant. Mais on va tout d’abord aller rendre visite aux dieux grecs voir s’ils ne veulent pas nous accorder un peu de beau temps…
Galerie photos
Ahhhh enfin!! Je voudrais pas faire ma 3e mère parce que 2 c’est suffisant mais je commençais à m’inquiéter! Bon s’il ne s’agit que de grands chihuahuas ça va, vous avez déjà survécu a un Renard jadis 😉
Allez, programmez un peu tout ça, qu’on puisse venir vous voir!
Pour le temps c’est vraiment… Bien fait?! Ça vous apprendra à partir! Haha.
Courage, bientôt le soleil, la sueur avant même d’avoir commencé a pédaler, la soif intense quand il ne reste plus beaucoup d’eau… Etc etc. 😀
Les animaux sont nos amis en effet … Peut être que c’est Éric qui les attire ? Mais pour info les chats fonts des plus petits trous que les renards dans les tentes 🙂
Puisque tu as des congés fins mars 😉 tu peux venir nous rejoindre en Cappadoce peut être ??
Ahhh enfin !! Je ne voudrais pas faire ma 2ème fille parce qu’une c’est suffisant mais je commençais à m’inquiéter !! 🙂
eh bien, ces derniers jours n’ont pas été faciles c’est le moins que l’on puisse dire !! mais effectivement cela fait partie de l’aventure !!. On aurait bien partagé toutes ces découvertes culinaires avec vous.
En décidant d’aller vers les îles vous aurez peut être plus de chance au niveau de la météo, on vous le souhaite vraiment. vos photos sont toujours aussi belles et vos commentaires bien construits.
bisous
On partagera nos super decouvertes avec vous à notre retour mais on n’a pas forcément toutes les recettes 🙁 et notre mélange choux ail oignon gingembre pâtes va paraître bien fade à côté de vos “petits” plats 🙂
Le soleil est normalement de retour la semaine prochaine … Mais on est pas encore prêts a investir dans un maillot de bain !
Bisouuuus
Salut les petits loups, comme vous avez pu le remarquer, La Frangine et Dédé ne veulent partager avec vous que la bouffe, pour le reste on verra à la retraite…..Toujours très intéressant de vous suivre et ces étapes difficiles se sont celles que vous garderez en mémoire et que vous conterez à vos petits enfants.
Bravo et courage, vous allez vers les beaux jours. Félicitations au scripte rien à redire, on en redemande à chaque fois. Gros bisous à vous.
Effectivement on rigole de ces mauvaises journées mais si on pouvait éviter de perdre nos orteils à cause de chiens particulièrement zélés ou d’une météo exceptionnellement dégueulasse ça nous va aussi 🙂 mais je ne doute pas qu’on aura encore beaucoup d’anecdotes à vous raconter !
Contents d’avoir de vos nouvelles! Et quel courage face aux chiens… Heureusement rien de grave pour vous… En tout cas, toujours d’aussi belles photos, de paysages superbes, et de rencontres riches… Le cocktail est parfait… J’espère que bientôt vous pourrez y ajouter un zeste de soleil! Gros bisous à tous les deux.
Dès la semaine prochaine on change la recette : on ajoute un kilo de Péloponnèse, 250gr de pâtes, une pincée de soleil, une louche de bivouac et un grand paquet de feta. On laisse mijoter une dizaine de jours et on obtient un ferry pour la Crète 🙂
Coucou, nous avons traversé la France du Sud vers le Nord Est, hélas; La lecture de vos périples nous réchauffe.
Comme vous le disiez nous n’étions pas loin l’un de l’autre . Cela fait du bien voir d’autre images et endroits insolites , nous avons par exemple visité Peillon et Eze sur les hauteurs de Nice . A Peillon , les voitures restent en bas , 50 personnes y vivent toute l’année.
Super les vélos sont remis en état !
Nous aimerions bien vous poster une photo , mais on ne connait pas la possibilité depuis ce commentaire , on le fera par mail ! A bientôt et bises à vous deux.