Ils surveillent

On se repose un peu à Split pendant 4 jours. Le vent s’est enfin calmé et le soleil est bien au rendez-vous comme promis.

On se balade dans les ruelles de l’immense palais Dioclétien, on apprécie quelques spécialités locales et non locales, on admire la vue depuis la colline de Marjan et on arpente le front de mer encore animé des festivités de fin d’année. Le dimanche 4 janvier on embarque sur un ferry vers de nouvelles aventures. Après 3h30 de traversée studieuse, en tout cas pour Charlotte, la ville de Vela Luka sur l’île de Korčula nous accueille à bras ouvert par le biais d’Ivan, contacté par warmshower. On se sent très vite à l’aise chez notre hôte et les heures s’écoulent autour de la table de l’unique pièce chauffée (qui n’est malheureusement pas la salle de bain) sans qu’on ne s’en rende compte. Mais comment parler d’Ivan sans évoquer Pogi, son chien amoureux des chaussettes mais aussi de Charlotte qui s’est même permise de l’appeler par son petit nom Froggy, réservé aux plus proches intimes. Le lundi Ivan nous fait visiter les hauteurs de Vela Luka ainsi que sa grotte aux vestiges préhistoriques puis la journée se termine autour de la même table que la veille, toujours dans l’unique pièce chauffée qui n’est malheureusement pas non plus la chambre. Ces deux jours nous auront permis de rencontrer quelqu’un d’extrêmement chaleureux, de gouter des spécialités croates, d’en apprendre un peu plus sur la vie ici et surtout de réaliser qu’ils ne sont vraiment pas frileux dans ce pays !

Mardi et mercredi on traverse l’île puis la péninsule de Peljesac par les routes conseillées par Ivan. C’est un vrai spectacle, on se faufile sur des petits chemins au milieu des vignes et à flan de falaises bordées d’une eau turquoise. A Ston on aperçoit la soi-disante deuxième plus grande muraille du monde après celle de Chine, si tant est qu’il y en ait une troisième. On avance vraiment doucement ces derniers temps et ce jeudi 8 ne fait pas exception à la règle. Il est à peine midi quand on devine à quelques mètres en contrebas de la route principale une jolie plage et un bar qui semble fermé. Bingo ce sera notre terrasse pour ce soir, les pieds dans l’eau. Enfin au sens figuré car la mer est encore froide….mais pas assez pour qu’un couple de croate vienne y faire un petit plongeon. Vraiment pas frileux !

Assez reposés, et même lavés, on se lève tôt pour découvrir la perle de l’adriatique, Dubrovnik. Mais une perle qui ne brille pas aujourd’hui car c’est complètement couvert. Fini le ciel bleu. On traine un peu, on essaye de se faufiler dans les ruelles mais on est très vite bloqués par des escaliers sans fin. Un peu dépités on s’installe dans un café avec wifi, c’est important, à l’écart de la rue (mais pas de la fumée de cigarette) avant de vouloir reprendre la route et de s’éloigner. Mais c’était sans compter Petar ! Petar, jeune croate qui tourne au whisky comme ces amis en ce début d’après midi et qui bien qu’un peu éméché veut nous aider. Ni une ni deux, il finit son verre, puis un autre, puis … enfin bon, deux bonnes heure plus tard nous voilà installés dans une chambre à quelques mètres de la porte principale de Dubrovnik. Ses parents possèdent des appartements qu’ils louent mais pour nous c’est cadeau. Enfin pour Petar car le deal c’est qu’il faut partir avant le retour de la maman le lendemain matin à 8h. Quelle aventure !

Une douche et une nuit au calme, hormis le retour des fêtards dans la chambre d’a coté vers 5h du matin, voilà qui nous remonte le moral. On déguerpit à 7h pétante le samedi matin, trop inquiets de croiser cette maman croate. On découvre Dubrovnik au réveil, les rues vident et encore endormies.Le soleil refait son apparition. On se dit qu’il faut en profiter pour vraiment apprécier cette ville hors du commun. Les vélos bien au chaud et en sécurité dans la caserne de pompier d’à côté, nous voilà sur ces fameuses murailles qui protègent la vielle ville. C’est encore une fois magnifique. La Croatie n’en fini pas de nous surprendre.

On ne repart finalement que l’après midi et pour une trentaine de kilomètres à peine. On passe la soirée avec Marko, hôte warmshower, qui nous raconte ces multiples vies plus invraisemblables les unes que les autres. Quoiqu’il en soit cela est l’occasion de se débarrasser de la bouteille de Rakija. On n’aurait jamais pu la vider avant de finir ce voyage !

Les prévisions météo de ce dimanche sont assez mauvaises. Vent, pluie, neige, grêle,… tout est prévu pour la fin d’après midi. On enfourche quand même nos vélos car même si Marko est sympathique le feeling n’est pas aussi bon qu’avec Ivan par exemple. Mais on sait aussi qu’aujourd’hui on entre au Monténégro. C’est chose faite quelques dizaines de kilomètres plus loin. Fini la Croatie ! On retiendra beaucoup de bonnes choses de ces dernières semaines. Une côte somptueuse, du vent et un froid imprévisibles, des villes chargées d’histoire, des gens accueillants mais aussi beaucoup de burek, sorte de pâte feuilletée garnie de viande ou fromage au déjeuner ! Que des bons souvenirs. Mais surtout beaucoup de chats sauvages, partout, tout le temps. On a également senti beaucoup de compassion envers la France suite aux terribles attentats à travers les témoignages de sympathie des gens qu’on rencontre.

Le Monténégro s’annonce bien car à peine entrés dans la première ville un motard franco-monténégrin nous invite à prendre un café dans le bar d’à coté. Une heure où Simon nous apprend beaucoup sur les habitants, sur la tranquillité de ce pays et sur les habitudes. Difficile de trouver un emplacement pour poser la tente ici. La côte semble bien plus bétonnée qu’en Croatie, moins bien préservée. Juste avant la nuit on voit un grand jardin au bord de la mer. On tente notre chance et j’entre dans le bâtiment qui est un centre de plongée. Accueil froid. Un homme, face patibulaire, ne parlant pas un mot d’anglais, et un chien, un american staff qui aboie et qui tue un chat sous les yeux de Charlotte… Et bien une heure plus tard la tente est prête à affronter la tempête de cette nuit dans le jardin, et nous on est au chaud sur deux gros fauteuils à regarder la nouvelle star en Serbe avec Jecko et son chien Aron doux comme un agneau. Et ce soir c’est Jecko au fourneau. Au menu, deux tablettes de chocolat en entrée et ensuite du vin du Monténégro ! Difficile de suivre notre ami qui boit cinq litres par jour de vin rouge mais on fait ce qu’on peut. Une bouteille de vin et demi plus tard on est cuits. Malgré l’insistance de Jecko pour nous faire dormir dans une chambre au calme on va sous la tente. On ne veut pas la laisser dehors sans surveillance vu comme le temps se gâte.
Les prévisions étaient justes. La pire nuit depuis le début. Tout y passe, vent, rafales, pluie, grêle. 8 heures plus tard, 3 sorties du plus courageux des deux pour refixer la tente, 2 heures de sommeil au maximum et en manque de cigarette (tabagisme passif prend tout son sens) on file vers la baie de Kotor. On en fait le tour à vélo dans la matinée. C’est beau mais les constructions en béton gâchent un peu ce paysage. La veille ville de Kotor tout en pierre reste quand même très belle.

Comme la route principale ne vend pas vraiment de rêve on se rajoute des kilomètres et quelques centaines de mètres de dénivelé pour aller voir sur les voies secondaires. C’est quand même bien plus tranquille. De retour sur la route principale, on retrouve les ordures le long de la route, les tours en bétons et les voitures. C’est aussi ça voyager à vélo, parfois c’est simplement moche ! Donc rebelote le lendemain on s’écarte et on va faire un détour vers le lac de Skadar partagé entre le Monténégro et l’Albanie. Aujourd’hui c’est l’été, on roule en t-shirt. Mais en montant la neige refait aussi son apparition. La vue sur le lac nous laisse sans voix.Grâce à un habitant d’un village on découvre un restaurant, fermé en hiver, en bordure du lac et à l’écart de tous. Parfait pour passer la nuit dans un cadre somptueux. Et pour le plus grand plaisir de Charlotte il y a un chat qui nous a adopté pour ce soir.

Le mercredi 14, on grimpe beaucoup et on traverse des villages où le temps semble s’être arrêté. On aperçoit également les premières mosquées et quelques vieilles femmes voilées. On passe la nuit sur les hauteurs avec une vue surprenante sur le nord-ouest de l’Albanie.

Réveil avec le soleil qui dégèle puis sèche notre tente pendant qu’on lit en bronzant. Et maintenant direction l’Albanie qui est juste au bout de la descente, plus précisément la ville de Shkodër pour deux nuits probablement. Douche et lessive sont nécessaires avant d’entamer un bond dans le passé d’après ce qu’on a pu lire sur ce pays.

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