Des femmes magnifiques aux robes multicolores, des yeux bridés, des sourires littéralement en or… le changement ne peut être plus radical. Bienvenue au Turkménistan, un des pays où les touristes ne le sont pas justement. Tant mieux, on a un visa de transit et non de tourisme. Sept jours, plus que cinq et demi car on est à la bourre pour rejoindre l’Ouzbékistan, cinq cents kilomètres un peu plus au nord.
Après avoir passé tous les sacs aux rayons X, payé une taxe d’entrée de douze dollars alors qu’il est noté dix dollars sur le reçu, contrôlé notre température, et affirmé avec conviction que nous ne transportons ni drogues ni armes aux douaniers, on est invités à entrer.
Mon état lamentable nous contraint à nous arrêter à l’ombre dès la ville frontière. Après deux heures de pause j’ai juste assez d’énergie pour finir une bouteille de coca et faire encore cinq kilomètres pour installer notre toit juste après les dernières habitations. Bercés entre une sono à fond crachant de la techno russe et une fête de mariage, le repos est de courte durée dans un tente où il fait bien trop chaud.
5h30 du matin, ce lundi 22 juin on se lance dans la course chargés de quinze litres d’eau. Le soleil apparaît à peine mais déjà entame son travail de sape. A 7h on décline un thé. A 8h on passe largement les 30 degrés à l’ombre. A 9h30 je suis à bout de force. On avance bien lentement sur cette route secondaire, un raccourci en distance seulement. Il n’y a que la route qui est dans un état plus mauvais que moi. Grâce à l’expérience professionnelle de Charlotte on se construit un abri quatre étoiles au milieu de ce désert.
Le temps passe, la température monte. On fait du thé sans réchaud, les 54 degrés au soleil suffisent amplement. Recroquevillés sous les 2 mètres carrés d’ombre on attend patiemment, impossible de faire la sieste. Le petit point noir au loin qui se rapproche c’est Michael. Il a passé la frontière ce matin est vient de rouler 5h30 vent de face et soleil de plomb pour nous rejoindre. On manque d’eau mais les quelques camions qui s’aventurent sur cette route nous ravitaillent, parfois avec de l’eau fraiche, parfois avec du coca. L’extase.
A 19h la température baisse sous les 40 degrés à l’ombre. Il est temps de rouler. Il fait presque bon une fois la nuit tombée. C’est aussi l’heure où les moustiques décident de sortir dîner. On rejoint finalement un petit village avec un mini marché qui n’accepte pas nos dollars. Pas grave, un homme nous paye de l’eau fraiche et surtout, le comble du bonheur, un coca. Difficile de communiquer mais suffisamment pour qu’ils nous invitent dans une chambre avec clim, repas, thé et télé en russe.
On adapte le rythme à la météo. Levés à 4 heures, on roule jusqu’10h ou 11h puis on attend le soir et la nuit pour continuer. Ce mardi 23 on rejoint la route principale et grâce à un asphalte de rêve on atteint la ville de Mary en fin de matinée. Pas vraiment le temps ni l’envie de visiter cette magnifique ville aseptisée, aux immenses bâtiments blancs et statues dorées où le président est partout, la police encore plus, et les femmes qui balayent le sable aussi. Alors une soupe et deux litres de coca chacun, un coin à l’ombre et c’est l’heure de la sieste.
Le soleil va bientôt se coucher. Nous on se réveille et on roule. C’est répétitif, voir ennuyeux par moment mais heureusement la police est là pour briser cette monotonie. Comme ces trois policiers en civils sortis d’une voiture et d’un bosquet, qui nous crient dessus, dans un incompréhensible russe, et nous cachent dans un champs car le président va passer. Si on a quelques doutes sur leurs motivations, on finit par les croire quand on voit passer un véhicule lavant la chaussée. Ils nous relâchent après cinq minutes de pause sans qu’on ai vu passer le fameux personnage. Mauvais timing pour ces policiers car un convoi particulier nous dépasse quatre kilomètres plus loin. Ils ne nous empêchent cependant pas d’arriver à Merv le mardi 23 après un indispensable arrêt coca dans une échoppe pour satisfaire notre dépendance grandissante. Merv, anciennement connue sous le nom de « Reine du monde », était l’une des plus grande ville au monde au 11ième et 12ième siècle.
Après une courte nuit comme d’habitude, on profite du levé de soleil pour visiter ce site prometteur rempli de … tas de sable. Voilà à peu près tout ce qui reste. Après tant d’émotions on a du mal à se concentrer et on en perd notre Nord. Un détour bonus d’une bonne heure sur une route qui n’en a que le nom, on avance face au vent qui se lève chaque matin avec le soleil, tournant parfois à la tempête de sable. Inutile de préciser que c’est toujours de face, sur cette route en ligne droite sur plusieurs centaines de kilomètres. Mais sans vent la température ressentie est encore plus insoutenable. Pas de répit dans le désert Turkmène. Quand enfin vient le soir et sa fraicheur, les moustiques, les insectes, les serpents, les scorpions et quelques araignées trop grosses pour être mignonnes apportent leurs contributions à ce pays tout en retenue.
Le jeudi 25 on voit le bout. Plus que deux cents kilomètres environ. Je me nourris d’eau et de coca principalement. Pas facile de manger par cette chaleur, d’autant plus quand on est malade. Tête baissée on roule jusqu’à plus soif, puis on boit notre eau gout plastique à 45 degrés, et on reprend inlassablement. Le paysage est désormais complètement désertique. Quelques arbustes, des petites dunes et quelques chameaux. Un restogrill tous les soixante-dix kilomètres offre toutes les commodités nécessaires. Du coca, à manger, et des toilettes qui nous font préférer le désert et ses adorables habitants. Quand on atteint le nombre de kilomètres fixés, on pose nos abris dans le désert sans avoir besoin de chercher longtemps. La nuit à la belle étoile nous fait rêver mais pas assez pour partager notre sommeil avec un cobra. Alors on sue sous notre tente hiver bien inadaptée par ici.
Le vendredi sonne la libération. Le visa se termine aujourd’hui donc on doit absolument franchir la frontière. Une dernière ville à découvrir, Turkmenabat annonce la fin du désert mais pas de la chaleur. Comme partout dans le pays, les habitants ont semble-t-il le choix entre la combinaison blanc, vert, doré pour leur maison ou bien pas de maison. Encore une fois, grâce au président nos plans sont chamboulés. A croire qu’il nous suit, il vient visiter cette ville dans la journée. Pour l’occasion tout accès y est bloqué, les touristes interdits, hôtels fermés, le peuple est sur son 31, interdiction d’apparaître aux fenêtres, et obligation d’agiter un petit drapeau le long de la route dans un beau smoking tout neuf. Il ne passera que dans quelques heures mais la police nous empêche de traverser ce matin. Demi tour, quinze kilomètres de plus sur une route où apparemment le chef de l’état n’est jamais passé. Heureusement il n’y a qu’un président, les habitants étant quand à eux extrêmement souriants et accueillants. Finalement le touriste, ou plutôt le cycliste en transit est plus que bienvenu.
La frontière s’approche enfin. On va le faire, traverser en cinq jours un des pays les plus fermé au monde. Même si aucun panneau n’indique la route vers l’Ouzbékistan, on parvient au poste frontière vers 10h du matin après avoir bu une dernière bouteille de coca. Toujours pas de drogues ni d’armes donc on peut quitter le Turkménistan et sa chaleur insoutenable. Malheureusement on n’est pas certain que le soleil soit au courant des frontières.
Chaque chose en son temps. Passons la frontière puis ce sera enfin l’heure de la sieste…
Galerie photos
Si vos récits nous font toujours rêver certains nous démontrent aussi les difficultés que vous traversez quel courage !!!! Nous souhaitons qu’en cette journée particulière vous pourrez vous organiser une soirée particulière !!!! Nous pensons à toi Éric particulièrement mais à vous deux tout le temps bisous maman papa
Chaque jour est particulier en voyage, mais pour les journées extra spéciales pas facile de fêter ça comme il faudrait ! on se rattrapera sûrement en septembre !
Des bisous !
Oh là là quel courage effectivement. Malgré les difficultés vous continuez à nous enchanter avec vos récits.
Ici on se plaint avec 37 degrés et vous à 40 degrés vous pédalez apparemment dans un endroit un peu hostile. CHAPEAU!!!!!!
Faites très attention à vous.
On vous embrasse
Patrick at Marie Jeanne
On pédale mais on se plaint aussi !!!! Difficile de s’habituer mais peut être qu’on supportera un peu plus la canicule alsacienne après ce passage au Turkménistan !
Des bisous !
Coucou!!
Courage à vous!
En vous lisant, je n’ai qu une envie vous apporter une énorme bouteille de coca bien bien fraîche!
Allez les warriors!! On pense bien à vous!
Bisou
Mariline
Ca tombe bien on n’a qu’une envie, “déguster” une bouteille de coca bien fraîche !!!!
vivement septembre qu’on boive pleins de trucs frais ensembles !
des bisous !
Salut Cousin, salut Charlotte !
Et bien quelles belles aventures vous nous faites vivre !
Vos photos sont superbes et vos mines épanouies malgré la fatigue et les “petits tracas” que les voyages apportent parfois (souvent :-))
J’ai personnellement hâte de voir et de lire vos périples en Asie… Allez chaque chose en son temps et en attendant surtout profitez à fond !
Bises from Elsass
Caroline
Salut belle-cousine !
aha mais c’est parce qu’on ne publie pas les photos où on a des sales tronches 😉
bientôt l’Asie mais on a des grosses groOOOOoosses montagnes entre temps alors il va falloir être patients 🙂
schmutz !
Bonsoir les aventuriers,
Merveilleuse, votre aventure …. On vous suit à la lettre, chaque nouvelle nous permet de découvrir vos rencontres, sans aucun doute gravées à jamais dans vos mémoires !
Avec les bornes que vous avalez, vous avez bien le droit de descendre bon nombre de calories, on vous sent fatigués, mais aussi souriants et motivés ….. On se trompe ???
Continuez à nous faire partager vos délires, on trouve ça super sympa !!!! …. Et au passage, merci la technique, qui nous place à vos cotés !!!
Soyez prudents les amis !!!!
Bises, Laura et Eddy
P.S. ;….. Eric, il va être temps de passer chez le barbier !!!!
C’est pas toujours facile mais on sait que ça vaut le coup et que quelques (centaines de) kilomètres plus loin il y a toujours une douche fraîche et un peu de réconfort.
On se repose justement à Dushanbe avant de remettre genoux et mollets à l’épreuve pour la traversée du Pamir … avec la barbe probablement 🙂
Des encouragements de la rue des Bornes …. Je pense beaucoup à vous et vous envoie de gros bisous et mes encouragements. Merci encore pour vos photos et vos récits.
Merci, on en a toujours besoin, et ça nous fait toujours autant plaisir !
Des bisous du Tadjikistan !
Merci de nous faire partager ces moments forts … Et les photos sont toujours aussi belles, avec l’humour au rendez-vous ! Bon courage à vous !
Merci beaucoup ! Le meilleur (ou le plus haut en tout cas) reste à venir ….
Coucou depuis notre ile sur le bord de l atlantique avec du retard car on profite de la nature et de l océan . Et bien dites donc que de contraintes , les températures , le temps compté, heureusement le coca est partout, ah ces américains !!! Super de nous faire vivre tout cela , nous qui avons chaud avec nos 34 degrés !!!! Ça vous fait rêver !!
Bises à vous deux depuis la Charente maritime !!!
Le coca on ne s’en lasse toujours pas !
Bises depuis Dushanbe !
Bravo aux aventuriers qui nous font partager leur quotidien avec une certaine dose d’humour, d’autodérision et d’obstination… La canicule qui assomme l’Alsace permet de mieux comprendre les aléas de conditions climatiques extrêmes. Je constate que vous vous hydratez copieusement mais que vous carburez aussi au coca, une boisson que j’apprécie aussi, mais avec modération…Bonne route et continuez à nous faire partager cette épopée agrémentée de belles photos. Une amie d’une maman fière de sa progéniture et de ses exploits !
Avec modération toujours !
Des voyageurs fiers de leurs mamans 🙂
Dear Eric and Charlotte!
I am glad you are doing fine. You put great photos on the website. I especially like the agama in Persepolis. Have a wonderful trip.
Send my regards to Nico and Gokben, too.
Best Wishes
Mahdi
Thank you ! Iran was a inspiring place to take great pictures !
We are still cycling with Nico and Gökben, we just arrived in Osh after crossing the Pamir.
Kind regards
C est avec beaucoup d admiration que je lis vos péripéties et du courage vous en avez a revendre peu de personnes auraient la force que vous décuplez dans les moments difficiles que vous traversez comme je vois le meilleur pour vous est le coca il y en aura chez vos parents pour vous lorsque vous reviendrez en septembre bisous et félicitations
Merci ! Il y en avait déjà avant mais nous n’en buvions pas 😉
On ne dira pas non cette fois ci .
bisous !
De retour de mes vacances où je vu souvent des vélos bien chargés alors comment vous oubliez !
J’espère que vous allez bien tous les deux et que ce n’est pas trop dur. Je vous envoie tous mes encouragements et mon respect pour vous deux qui avez tant de courage.
Gros bisous de la rue des Bornes.
A bientôt de vous lire
Monique
Impossible de nous oublier ! Les vélos sont partout ! Même au fin fond du Tadjikistan, mais ça c’est une autre histoire, pour un prochain article 🙂
Des bisous de Osh, mais dans pas trop longtemps on se rapproche furtivement.
A bientôt de se voir 😉 ?
Coucou les 2 courageux !
Ben voilà on n’a plus de nouvelles sur votre blog et par mail depuis un moment alors on s’inquiète comme d’hab ! Est-ce que qq de votre famille peut mettre un commentaire sur votre blog pour juste nous dire que ça va bien pour vous 2 ? Merci beaucoup ce serait super gentil.
Grosses bises à vous 2 depuis la Laponie !
Sigrid
Tout va bien , nous sommes en vie et en un morceau (un morceau chacun). Il faudrait plutôt dire aux groupe de téléphonie de mettre plus d’antennes dans le Pamir 😉
Des bisous !!